Vengeance funeste

[Dumetella]

<Au fin fond d’une taverne malodorante, assis autour d’une petite table en chêne. Deux êtres se parlent à voix basse. L’un des deux est un homme, l’autre une femme. L’homme semble peiné, la femme compatissante. Elle pose un doux regard sur cette âme en peine, et écoute avec bienveillance son histoire.>

Griphill : - Il y’a de cela trois lunes, j’ai retrouvé mort mon regretté père… longtemps la mort l’a cherché, mais finalement c’est lui qui est allé la trouver. Le soir ou je l’ai retrouvé pendu son corps à l’une des poutres de sa chambre, j’ai dû me résigner à une bien triste réalité. Il c’est lui-même donné la mort ! (Après ces quelques mots un silence pesant s’instaure quelque instant puis Griphill recommence à parler).

Griphill : -Je compte sur toi pour ne pas en dire mot (Dumetella acquiesce de la tête). J’ai fait passé sa mort pour une mort accidentelle. Prétextant qu’il avait fait une mauvaise chute…
Tu connais aussi bien que moi, le clergé, il aurait laissé pourrir la dépouille de mon père à l’entrée de la ville, si il avait appris qu’il s’était lui-même donné la mort !
(Dumetella malgré la douleur de son ami ne peut s’empêcher de se demander pourquoi le père de Griphill a commis un tel acte, bientôt la curiosité prenant le pas sur la raison elle ne peut s’empêcher de le lui demander de manière détournée)

Dumetella : -Tu ne penses pas que cela pourrait être un assassinat ? Pour quelles raisons ton père aurait-il mis fin à ses jours ?

(Griphill n’est qu’à demi étonnée par la question de Dumetella, pour avoir passé de nombreuses années auprès d’elle, à combattre à ses côtés, il comprend bien vite le sens de la question).

Griphill : -Je dois t’avouer que mon père était rongé par les soucis, des problèmes d’argent avaient eu raison de sa persévérance et de sa rage au combat… petit à petit il se laissait aller, jusqu’à ce jour funeste achèvement de sa déchéance.
(Griphill prend tout à coup un air plus sombre) J’en veux terriblement à ceux qu’ils l’ont mis dans cette situation. Aux personnes qui lui ont fait miroiter mont et merveille.

Dumetella : Qui sont ces personnes ?

Griphill : - Un noble de se royaume, Sir Rolland, proposa à mon père d’être l’un de ses piqueux pour ses chasses à courre. Tu n’es pas sans savoir que se type de travail nécessite un minimum de matériels. Un bon fouet pour faire respecter son autorité auprès de la meute de chien, une bonne selle de cuir pour son cheval, une dague pour achever un cerf ou un sanglier tenu au ferme par la meute, ainsi qu’une tenue légère permettant d’être libre de ses mouvements. L’ensemble des ces objets devant porter les couleurs et les armoiries de Sir Rolland.
Mon père décida donc de s’offrir cet équipement et de l’acheter auprès des personnes les plus compétentes à son goût, des artisans du royaume.
A première vu le matériel proposé par ceux-ci étaient de bonne qualité mais coûté fort cher… Mon père du s’endetté pour pouvoir se l’acheter, ainsi il paya sa dague 500 pièces d’or… à ce prix il aurait pu acheter un étalon de belle monture, ou plusieurs milliers d’acres de terre.
La dague était très belle, il était fière de la porter à sa ceinture, lors d’une première chasse les chiens mirent au ferme un sanglier de taille modeste, 80 livres tout au plus. Mon père se retrouva bien vite à hauteur des chiens et prit l’initiative de descendre de sa monture pour achever la bête rousse. Il saisit sa dague, la leva haut dans le ciel et frappa brutalement le sanglier à la jonction entre l’un de ses cuissots et ses côtes. Un bruit métallique se fît alors entendre. La dague venait de se casser aux contacts du cuir de l’animal. A la vu de la dague brisée mon père resta statique, laissant partir le sanglier au plus grand mécontentement de Sir Rolland.
Cette mésaventure ne fût que la première d’une longue série, bientôt se fût au tour de la selle, son cuir n’était pas assez bien tanné pour résister aux intempéries. Le fouet se raidit après quelque utilisation, ne faisant ainsi plus son office.
Mon père alla donc voire les artisans qui lui avaient vendu les objets, mais ceux-ci se détournèrent de lui, prétextant ne pas être responsable de l’usure prématuré de leurs ouvrages. Ils proposèrent de lui vendre à nouveau les mêmes objets, mon père s’endetta ainsi de manière inconsidéré. Mais les nouveaux objets ne furent pas plus résistant que leurs prédécesseurs.
Voilà ce qui a poussé mon père à cet acte, les dettes mais aussi le fait de ne pas avoir pu être à la hauteur des attentes de Sir Rolland. Mon père était un excellent piqueux, à mes yeux les seuls artisans de son malheur sont ces artisans de pacotille.
Je souhaite ardemment leurs morts, malheureusement pour moi je ne peux venger mon père (Griphill montre de la déception).

Dumetella étonnée : Et pourquoi ?

Griphill : Il me reste ma mère, la pauvre serait une proie facile en cas de représailles de ces brigands.

Dumetella réfléchie un moment puis propose : Je suis prête à être cette main vengeresse en l’honneur de notre amitié. Qui veux-tu voir payer pour la mort de ton père ?

Griphill : Tous, tous ces artisans qui se prétendent légendaires, mais qui ne sont que des vautours à la recherche d’une proie à dépecer.

Dumetella : Qu’il en soit ainsi. Je n’aurais pas bien de mal à les trouver, ils se paradent à la manière des paons et propose à haute voix leurs camelotes, partout dans ces contrés.
Je te promet que ces artisans n’auront pas une mort glorieuse, ils mouront la gueule ouverte au fond d’un caniveau et on les retrouvera de beau matin la panse gonflée et putride, les yeux exorbités.

Griphill sert la main de Dumetella, il ne la serre pas à la manière d’une personne à qui l’ont dit bonjour. Mais de manière plus charnel mais pourtant amical à la fois.

Dumetella et Griphill continuent leurs discussions…mais leurs voix se fait plus lointaine jusqu’au moment ou elle devient imperceptible.