
C'est l'histoire d'un nain qui cherchait de l'or,
Un beau et jeune nain surnommé Bras-Fort.
Un jour des légendes vinrent à son oreille,
Sur une mine hantée, à nulle autre pareille.
On la disait pleine de bronze, d'or, d'argent
Et de pierres précieuses comme le diamant.
On parlait aussi de monstres horribles,
De grands trous sans fond, et de pièges terribles.
Mais loin d'effrayer notre brave nain,
Cela l'amusa : un défi, enfin !
Ni une ni deux, notre nain fonça,
Se voyant déjà aussi riche qu'un roi.
La mine était sombre, sombre comme une tombe,
On croyait y voir des milliers d'ombres.
Soudain un bruit, déchirant le noir,
Résonnant partout, miroir de miroir.
Le nain se figea, les sens aux aguets,
N'entendit que le silence, et la paix.
Il reprit sa route, cherchant l'entrée secrète
Dont lui avait parlé l'vieux nain à la r'traite.
Avec précautions, il sortit sa hache,
Mais trébucha soudain, ratant une marche.
Il dégringola, cul par-dessus tête,
Sans y rien comprendre, pire qu'en pleine tempête.
Tourbillon d'couleurs, noir gris blanc mêlés,
'J'tombe et j'y vois rien !' grogna le minier.
Quoi on dit mineur ? Comme si je savais pas...
C'était pour la rime, ne m'en voulez pas.
Bref le nain tombait, sans rien voir du tout.
Allait-il finir au fond du grand trou ?
Le choc fut brutal, il heurta le sol
Et il s'exclama : 'Ah ! Vraiment pas d'bol !'
Mais presqu'aussitôt, il changea d'avis,
Quand il vit tout ce qui s'trouvait d'vant lui.
Un immense tas d'or, allant jusqu'au plafond.
'Wahou !' dit le nain, ouvrant des yeux ronds.
Une voix amusée se fit alors entendre :
'Enfin, j'avais faim... Un ptit nain bien tendre !
Ça m'fera du bien à mon estomac,
J'aime pas du tout quand ils sont trop gras.'
Vite ! Le nain se releva, évitant les dents
Pointues du monstre qui s'abattirent dans l'instant.
Sauter ! Éviter les coups ! Se ruer !
Attraper le coffre contre le muret !
Éclair d'argent. Mais rien que le néant
Pour les mâchoires affamées du géant.
Le nain s'était déjà enfui dans l'escalier,
Traînant le précieux coffre à ses pieds.
Courant à toutes jambes vers la proche sortie,
Il sema le monstre dans l'dédale des galeries,
Parvint au grand air, inondé de sueur,
Mais au moins, il était vainqueur.
A lui l'or, l'argent, et les tonneaux d'bière !
Et ptet même qui sait, une maison pas chère.
Il ouvrit le coffre, le regard avide,
Et fut bien déçu, car il était vide.