Forum Amtenaël

Espoir

Elvundel était soulagé depuis quelques temps, soulagé car il avait rencontré une personne qui, pour la première fois, ne s'était pas enfuit devant lui.
C'était une elfe, assez grande, les yeux verts, un visage d'ange, mais avec un caractère peu commun et assez agaçant. Elvundel avait eu du mal à se faire entendre auprès d'elle, son premier geste envers lui ayant été de lui mettre la lame sous la gorge, elle ne continua pas ce qu'elle avait entreprit de faire en voyant l'indifférence de sa victime. Surprise, la jeune elfe, qui était une ombre, lui demanda pourquoi aucune réaction de sa part alors qu'elle aurait pu le tuer si elle le voulait. Elvundel répondit que ce corps n'était qu'une enveloppe de chair, et qu'il pouvait s'en modeler une autre si il perdait celle ci comme il le voulait, rien qu'a la force de son esprit. L'ombre n'en cru pas un mot et lui fit une démonstration de son art, démonstration qu'il accepta avec tout autant d'indifférence. Elle le frappa, elle le tua, et vit ensuite le corps disparaître tel de l'eau qui s'évapore, puis quelques minutes plus tard, Elvundel se tenait à nouveau devant elle. Elle n'en cru pas ses yeux, et se fut ensuite au tour d'Elvundel de lui montrer ce dont il était capable. Apres sa démonstration et quelques mots échangés de plus, ils partirent tout deux en chasse...
L’ombre avait été très impressionnée, et aussi quelque peu terrifiée par les pouvoirs d’Elvundel, mais elle se sentait en tout point supérieure. C’est une chose qu’il ne refusait pas, être rabaissé :

"Du moment qu’elle m’accepte comme je suis, c’est tout ce que je désire." se disait il.

C’était ce qu’il avait toujours désiré, il croyait que c’était en train de se réaliser, son rêve, ce qu’il cherchait depuis toujours. Le jeune elfe était heureux pour la première fois depuis son enfance, et il ne cacha rien à l’ombre, qu’il considérait comme une amie. Il lui raconta tout de lui, même si elle restait muette en ce qui concernait sa vie, et paraissait désintéressée de ses paroles. Peu à peu, il commença à s’attacher à elle, ne cachant rien sur son pouvoir et sur ce qu’il pourrait faire en ouvrant les yeux, il était quand même en sa compagnie, et comptait bien le rester. Il savait cependant des choses, sur l’avenir, il voyait des images et pressentait certains évènements. Cependant, il ne voyait pas être rejeté cette fois, et espérait ne jamais l’être par elle...

Rejet - Trahison d’un être cher

Les deux jeunes elfes chassaient ensemble comme à leur habitude, l’ombre frappait pendant qu’Elvundel la soignait et distrayait mentalement leur gibier. Cependant, l’ombre ne se comporta pas ce jour là comme les autres jours, elle semblait être de mauvaise humeur, et rejetait toute sa colère contre son compagnon de chasse. Seulement cette fois, les paroles de l’elfe le blessèrent, et il s’imposa pour la première fois, se défendant :

"Vos paroles sont complètement infondées, sans moi, vous ne parviendrez pas à les terrasser !"

"Je n’ai pas besoin de votre aide, biensur que je peux les tuer seule, d’ailleurs je vais vous en donner la preuve immédiatement !"

L’ombre attaqua une des créatures qu’ils chassaient, pendant qu’Elvundel continuait la conversation, anéantit parce toutes les paroles que celle qu’il considérait comme une amie lui avait dit.

"Pourquoi ne pas l’accepter, pourquoi ne m’acceptez vous pas ?"

"Vous ne m’êtes d’aucune utilité, je peux me passer de vous !"

L’ombre semblait en difficulté, bien que prétendant le contraire, elle ne pourrait pas battre cette créature à elle seule.

"Soit, si je ne vous sert plus à rien, alors il vaut mieux faire nos adieux ici et maintenant."

"Ne dites pas de sottises !"

"Je ne vois pas pourquoi je resterais aux cotés d’une personne qui me méprise, et qui d’autant plus, n’a pas besoin de moi et prétend que je la ralentit. J’avais pourtant cru trouver en vous une personne différente des autres… mais je me trompais, en réalité vous êtes pire que les autres."

Elvundel lança son plus puissant sort de soin sur l’ombre, puis s’éloigna sans plus attendre en courrant, les larmes coulant sur ses joues malgré que ses yeux soient entierement masqués, rageux envers lui-même d’avoir été victime de sa propre illusion. L’ombre continua sa chasse, indifférente…

Un pouvoir incontrôlable

Elvundel ne savait plus que faire, pour lui, cette ombre était tout ce qu’il avait, quelque chose qu’il avait cherché toute sa vie, et qu’il avait perdu désormais. La tristesse et le désarroi dans l’âme, en sueur, et essoufflé, il avait du mal à contenir son pouvoir. Il n’avait surtout plus envie de le faire, le mal qu’il avait ressentit lors de son enfance s’était à nouveau emparé de lui, à nouveau il souffrait d’être rejeté, à nouveau il avait tout perdu…

"A quoi bon continuer, puisque personne ne veut de moi, pas même eux… j’en suis certain, ils me rejèteront comme elle l’a fait, où alors ils me prendront pour ce qui sommeil en moi. Si c’est le cas, ce n’est pas à moi de vivre cela…"

Près de l’endroit où il s’était séparé de son amie, dans le village en ruine situé non loin des drakorans, Elvundel retira lentement ce qui lui servait à recouvrir ses yeux, et ouvrit ces derniers, laissant apparaître un regard plus vide que le néant. Ses yeux étaient de couleur noire, un noir intense, recouvrant ces derniers tout entiers. L’instant après l’ouverture de ses yeux, une puissante aura se dégagea d’Elvundel, une aura malsaine, malfaisante… terrifiante. Une aura que les créatures présentent en ce lieu ressentirent immédiatement, ainsi que les gardes, qui n’eurent même pas le courage de venir voir ce qu’il se passait. Au bout de quelques secondes, toutes les créatures autour du jeune elfe avaient été pulvérisées. Quelques débris volaient et les maisons délabrées s’écroulaient d’avantage, la terre tremblait, risquant de se fendre à tout moment et de laisser s’ouvrir les portes de ténèbres sur ce monde. Elvundel, enfin, ce qui paraissait être lui en apparence fut interrompu par une présence invisible qu’il ressentit, tout de suite, l’aura sembla se rétracter, les tremblements cessèrent et les débris retombèrent lourdement sur le sol. Il tourna la tête dans une direction, fixant le vide, et commença à parler d’une voix qui ne pouvait être celle d’un elfe :

"Ca ne sert à rien de te cacher, créer une illusion pour te dissimuler, cela trompe peut être les autres, mais pas moi, mes yeux te voient…"

L’ombre persista tout de même à rester camouflée…

"Je pensais que vous ne vouliez plus laisser votre pouvoir se manifester."

"Ah… c’est ce qu’il a dit oui, mais il avait dit également, qu’il ne le ferait pas temps qu’il n’avait rien à perdre…"

"Je ne vois pas en quoi vous avez tout perdu."

"Vu ce qu’il espérait avec toi, si, il a tout perdu." L’elfe ricana.

L’ombre s’aperçut qu’elle n’avait pas en face de lui celui qu’elle connaissait, elle sentait son regard la perçant tel des lames acérées. Malgré qu’elle soit dissimulée, il semblait la voir comme si elle ne l’était pas.

"Qui êtes vous ?" Demanda t’elle d’un ton sec.

Elvundel ricana de nouveau.

"Enfin tu te rends compte que tu ne parles pas à celui que tu connais."

"Vous ne m’avez pas répondu…"

"Peu importe qui je suis, c’est grâce à moi qu’il détient un tel pouvoir, il est mon ôte… il me permet de rester en vie, en échange je lui fournit ce pouvoir."

"Vous dépendez donc de lui…" L’ombre se mit à rire.

"Je n’ai pas vraiment le choix, mais je pourrais te tuer sur le champ… petite mortelle insolente."

"Qu’attendez vous pour le faire ?" Elle restait indifférente.

"Je ne le contrôle pas entièrement, il ne veut pas qu’il t’arrive du mal, sinon tu serais déjà morte avant de m’avoir adressé la parole…"

"Moi rien ne me retient de vous tuer…"

Elvundel lança un rire démoniaque.

"Et bien fait, si tu as envie de lui faire du mal, de plus, tu as déjà eu un petit aperçu de mon pouvoir lorsque tu l’as déjà tué... ça ne te servira à rien de recommencer."

L’ombre resta silencieuse, il avait raison sur ce point, quoiqu’elle lui ferait, il reviendrait. Le jeune elfe afficha un petit sourire, satisfait d’avoir réduit celle qu’il considérait comme insignifiante au silence. Cependant, une fois de plus la sueur, l’essoufflement semblaient frapper Elvundel.

"Encore dans cet état ? Votre pouvoir vous prend beaucoup d’énergie on dirait…"

"Petite ignorante, il essaye de reprendre le contrôle de lui-même…"

Ses yeux virèrent pendant un court instant du noir au bleu ciel, le temps de quelques mots du vrai Elvundel.

"Pa…partez, vite ! Allez vous en !"

"Pas question !" Répondit elle.

"Allez y, vous ne pouvez rien… y faire, j’y arriverai… seul !"

L’ombre marqua un temps de silence, et repris.

"De toute manière je n’ai que faire de vous !"

A la suite de ces paroles, sa présence de fit de moins en moins ressentir, elle s’était éloignée. Elvundel rassembla toutes ses forces pour lutter contre son ôte, et parvint à fermer les yeux avec difficulté. Le contrôle de lui-même repris, il s’empressa de remettre son chapeau, un chapeau bien particulier, qui recouvrait le haut de sa tête tout entier, masquant ainsi ses yeux, et l’empêchant de les ouvrir à nouveau…
Après s’être reposé quelques instants, le jeune elfe disposa ses mains de manière à composer un triangle, et inclina légèrement la tête en avant, signe de concentration chez lui. Il prononça ensuite quelques paroles incompréhensibles, et utilisa de son art pour créer une illusion de lui-même, apparaissant alors sous une autre apparence que celle qui lui était propre. Il s’en alla de ce lieu ensuite, ne sachant où aller, errant à nouveau comme il l’avait toujours fait…

Nouvelle déception

Quelques jours après sa perte de contrôle, Elvundel ressentit une présence particulière, une présence qui semblait l’appeler à se rendre à Caldey, village assez reculé du reste. Soudainement, les questions l’envahirent, était ce à nouveau un présage ? Qu’allait il découvrir ? Fallait il qu’il s’y rende absolument ? Etait ce si important ? Il n’avait la réponse qu’a une seule de ces questions. Se rendre là bas, il devait savoir…
Il loua donc un cheval, et partit à vive allure en direction de l’endroit où émanait l’étrange aurait qu’il avait perçu. Arrivé sur les lieux, à l’écart du village, près de quelques arbres, un être étrange se tenait, et semblait discuter avec une personne qu’Elvundel ne voyait pas. En se rapprochant, il put sentir la présence de l’interlocutrice, qui n’était autre que son ancienne amie, l’ombre. Il décida d’aller leur parler, et s’approcha d’eux. A cette approche, l’être, qui était un elfe à la peau noir, le dévisagea, et pris la parole.

"Qui es tu toi ? Pars sur le champ ou tu mourras !"

"Ce n’est rien, c’est celui dont je vous ai parlé." Fit l’ombre.

"Je vous avais dit que ce moment se produirait." Dit Elvundel à l’ombre.

"C’est vrai, j’admets que vous aviez raison."

L’elfe noir continuait de le dévisager, pendant qu’Elvundel faisait comme si l’ombre n’existait pas, et avait la tête tournée dans la direction du drow, semblant voir malgré ses yeux fermés, restant indifférent à son regard.

"Je dois me retirer, nous nous reverrons elfe noir."

"Oui, à bientôt…" Lui répondit il.

A la grande surprise d’Elvundel, elle lui dit à bientôt également. Il se contenta juste de répondre d’un signe de tête, n’ayant plus aucune confiance en elle. La discussion s’engagea quelques instants après.

"Enfin je vous rencontre." Commença Elvundel.

"Tu nous cherchais ?" Demande l’elfe noir.

"Je savais que je vous rencontrerais, voilà tout. Je l’ai vu en rêve."

"Hum… tu portes la haine en toi…"

"Vous êtes bien sur de vous…"

"Je ne me trompe jamais là-dessus…"

"Vous avez raison, je porte la haine en moi, d’ailleurs elle semble être la même que la votre."

Envundel sourit légèrement, tandit que l’elfe noir restait dans l’indifférence la plus totale.

"Comment sais tu que la haine m’habite, mortel…"

"Je sais beaucoup de choses, elle a du vous en parler d’après ce que j’ai entendu de sa bouche."

L’elfe noir se mit à sourire.

"Elle m’a parlé d’un elfe fou oui, elle vous a ensuite désigné, je suppose qu’elle parlait donc de toi, haha."

"Fou ? Moi ?"

Elvundel était profondément blessé par les paroles qu’il venait d’entendre, mais il le cachait. Après tout ce temps passé avec elle, toutes ces confidences, tout ce qu’il en résultait, c’était qu’elle le traite de fou. Il n’en croyait pas ses oreilles, et la haine qui l’habitait n’en fut qu’abreuvée encore plus. Désemparé, il se défendit comme il le put.

"Ceux qui traitent de fou d’autres ont peur d’eux, j’en ai eu la preuve quand je lui ai fait une démonstration de mon pouvoir."

La discussion continua encore quelques temps, puis l’elfe noir s’en alla, disant qu’il avait fort à faire. Elvundel le salua, puis il disparu ensuite.
Quelques temps après, Elvundel revit l’ombre, et l’elfe noir, appelé Vlcak. Le comportement de ce dernier vis-à-vis de lui le déçu fortement, il avait passé sa vie à chercher des gens comme lui, et il se sentait à nouveau rejeté. Cependant, l’ombre n’avait pas été comme à son habitude avec lui, elle avait changé, elle le traitait mieux, et lui parlait d’égal à égal. Mais c’était trop tard, pour lui le mal était fait, il s’en retourna dans la forêt à la suite de cette discussion… et continua sa chasse, seul. Quelques jours après, en ayant assez de la solitude qui l’accompagnait depuis tant de temps, il décida de se mettre en quête d’un groupe de chasse. Il fut accueillit à bras ouvert, à sa grande surprise, par une elfe nommée Tari, et son compagnon de chasse, un Lurikeen ombre. Elvundel fut étonné par la gentillesse de Tari à son égard. Plus tard lors de la chasse, une certaine Junon vint chercher Tari pour lui parler, et Elvundel fut pris de curiosité en entendant parler d’une famille nommée les esprits de lumière. Tari partit ensuite au loin, accompagnée de Junon, et la chasse prit fin à ce moment. Tari et ces paroles l’intriguaient, il désirait en savoir plus, il fallait qu’il la rencontre à nouveau…

Rencontre avec Tari - Bonheur retrouvé

Quelques temps après la chasse aux Drakorans, Elvundel décida de contacter Tari. Il envoya pour cela une lettre, où il lui demandait de le rencontrer, car elle l'intriguait et il voulait en apprendre plus sur elle et les esprits de lumière.
Sa réponse fut assez courte, une réponse positive, à la grande joie de l'elfe. Il lui parla grâce à ses pouvoirs par la pensée, un soir, l'informant qu'il était disponible et qu'il méditait au bord de la plage près d'Emblème si elle voulait discuter. L'instant d'après elle était là, à la grande surprise d'Elvundel, qui l'accueillit avec un sourire amical.

"Je ne pensais pas que vous feriez si vite." Lui dit il, toujours le sourire aux lèvres.

Tari s'approchait doucement, d'un pas hésitant. La curiosité l'avait poussé à venir, mais elle n'était pas pour autant rassurée auprès d'Elvundel.

"Je ne savais pas quoi penser de votre lettre, elle m'intriguait, et j'avais peur de vos intentions vis à vis de moi..." Répondit elle d'une voix hésitante.

"Vous n'avez rien à craindre de moi, je ne vous veux aucun mal, j'ai juste était surpris par vous lors de noter chasse, et aussi, j'aimerais savoir ce que sont les esprits de lumière..."

Tari lui sourit timidement, s'apercevant qu'il n'était pas une personne hostile, puis s'approcha un peu plus et engagea pleinement la discussion. Elle lui explique ce qu'étaient les esprits de lumière, ce qu'ils représentaient, ce qu'ils défendaient... elle lui expliqua aussi comment elle entendit parler d'eux, par Argos, une personne a qui elle tenait énormément. Bien que respectant sa volonté de ne pas vouloir s'étaler sur le sujet, Elvundel sentit que c'était bien plus qu'un attachement que Tari avait pour Argos, il sentait également qu'elle en éprouvait de la tristesse. Il repensa à la celte nommée Junon lors de la chasse, et compris aussitôt toute l'affaire...

"Je vous remercie infiniment pour vos lumières sur cette communauté." Fit il, pour changer de sujet et détendre la jeune elfe qui se sentait mal à l'aise.

Tari lui sourit en retour, et lui demanda en quoi elle l'avait intrigué lors de cette chasse. Elvundel baissa la tête, et lui répondit en toute franchise...

"C'est votre façon d'être qui m'a intrigué, votre gentillesse envers moi, votre soucis de ma santé, votre sensibilité, jamais je n'avais vu cela chez une personne, jamais..."

Elle baissa les yeux à son tour, et dit tout bas...

"La sensibilité, c'est mon plus grand défaut..."

Elvundel lui releva lentement la tête, lui sourit et repris.

"Pour moi c'est la plus grande des qualités, même si moi même, étant très sensible, comme vous, j'en souffre depuis toute ma vie. J'ai toujours été rejeté, tout partout où j'allais. Pourtant je faisais tout pour, je rendais service, je conseillais, je réconfortais, et pourtant, rien n'y faisais... quand je commençais moi à me confier, quand je commençais à trop me rapprocher, ils fuyaient tous, parce qu'ils prenaient peur..."

"Ils prenaient peur ? Mais pourquoi ?"

Tari semblait elle aussi intriguée, mais également rempli de curiosité. Elvundel soupira, et l'expression de son visage s'en fit de plus en plus triste, se remémorant tous ses déboires passés pour pouvoir les raconter à Tari. Elle s'en aperçut, et semblait être touchée de voir Elvundel dans un tel état.

"Un pouvoir... immense et terrifiant, sommeil en moi. J'en ai parfois perdu le contrôle, il est sortit et..." Il évita le regard de Tari et serra les poings. "Et tout ce qui en résultat furent des ruines en flammes, qui était juste avant des maisons pleines de vie et d'activités..."

Tari fut soudainement prise de peur et hésita à partir où non...

"Je.. je devrais peut être m'en aller dans ce cas..."

"Vous n'avez rien à craindre, c'est arrivé il y a longtemps et... je sens quand je vais perdre le contrôle un moment à l'avance, j'essaye de lutter, jusqu'au dernier incident qui remonte à mon enfance, j'ai réussi à le contenir. Si jamais il essayait de sortir à nouveau, je vous préviendrais à l'avance..."

Le visage de la jeune elfe se décrispa, et la peur sembla s'en aller instantanément après les paroles d'Elvundel. Il lui confia ensuite ses peurs et ses craintes, elle l'écouta attentivement, comme si elle voulait prendre part à la vie de l'elfe. Il lui raconta son passé, sa vie depuis l'incident, qu'il errait avec le seul but de trouver quelqu'un qui l'accepterait comme il était, qu'il souffrait de tous ses rejets et plus particulièrement du dernier qu'il avait subit. Une personne chère à ses yeux, en qui il avait toute confiance, le rejeta et l'abandonna, le faisant passer pour un fou auprès des autres. Il en avait été profondément touché, et avoua à Tari tout ce qu'il avait sur le coeur. Elle aussi semblait avoir été touchée par ce qu'Elvundel avait vécu. Il la fixa longuement, elle le regardait également, puis ce fut à son tour de se confier. Elle en avait besoin, il le savait, et il l'écouta avec autant d'attention qu'elle l'avait fait. Elle était tout compte fait, beaucoup plus sensible que lui, et à la fin de son récit, elle ne put retenir ses larmes et se jeta dans ses bras... il ne pouvait pas lui refuser le réconfort dont elle avait besoin, lui aussi compatissait, il se demandait comment une personne comme elle pouvait connaitre la souffrance, elle ne méritait que le bonheur...
Après avoir été réconforté quelques instants par Elvundel, Tari repartit vers Embleme, lui faisant savoir qu'elle voulait le revoir le plus rapidement possible. Chose qu'il espérait lui aussi du plus profond de son coeur, enfin il avait trouvé quelqu'un comme lui, enfin il était accepté. Il se fit la promesse qu'il la soutiendrait du mieux qu'il le pourrait, et partit à son tour, reprenant sa chasse...

Retrouvailles - De nouveaux doutes

Un soir, alors que les ténèbres commençaient à voiler la clarté du jour mourrant, Elvundel se rendit en ville, comme à son habitude, pour vérifier auprès du facteur son courrier. Les rares moments où il faisait son apparition à Emblème, étaient uniquement voués à cette fin, lire ou écrire des lettres. Cette fois là il en avait reçu une de celle qui l'avait autrefois, selon lui, trahit. Cependant, ils avaient gardé contact par courrier, et en étaient venus à vouloir se parler de tous les évènements qui s'étaient passés entre eux. Il lut ses lettres, remercia Steppias en s'en retourna en direction de la plage. Cependant, au moment où il partait, il sentit la présence d'une personne connue, c'était elle, l'ombre, celle pour qui il avait tant d'affection avant qu'elle ne s'éloigne de lui.

"Tiens donc..." Fit elle...

"Et oui..." répondit Elvundel, il continua ensuite. "Je ne reste pas ici, je préfère rester à l'écart des foules, vous êtes libre de me suivre ou non..."

Elvundel s'éloigna de la ville et s'en alla dans un coin paisible et reculé, il s'arrêta en bord de mer et semblait contempler l'horizon. Il prit alors sa véritable apparence, que seule elle et quelques autres personnes connaissaient.

"Je suppose que je n'ai pas besoin de me dévoiler... vous devez le ressentir." Fit l'ombre, l'ayant rejoint. "Je suis une drow à part entière désormais."

Le jeune elfe se contenta d'un sourire triste en guise de réponse, puis changea de sujet presque immédiatement.

"C'est étrange, malgré tous mes pouvoirs, je ne peux voir la vraie beauté de ce paysage."

"Vous gardez les yeux fermés à cause de votre pouvoir, c'est normal. N'essayez pas de voir avec vos pouvoirs, mais avec votre coeur."

Il sourit légèrement, puis répondit après un temps de silence.

"Mon coeur me dit bien des choses, et m'en montre beaucoup d'autres, magnifiques parfois, ou effrayantes, mais il ne peut me montrer la beauté d'une chose vu par les yeux. Il ne peut pas les remplacer."

"Le coeur fait vivre, c'est l'essentiel."

"Vivre, et souffrir également..."

"La vie est ainsi faite."

"La vie est injuste..."

"Très injuste..."

Elvundel se tourna vers l'ombre, elle n'était pas comme lorsqu'elle l'avait rejeté, elle avait l'air d'être plus sage, moins agressive, comme la fois où il avait chassé en sa compagnie aux liches, lorsqu'elle n'était pas encore une drow.

"Hum, vous ne disiez pas cela autrefois..." Reprit il.

"Autrefois je n'étais pas encore une drow, aujourd'hui je porte en moi une souffrance de 8000 ans."

"Je connais la souffrance que vous portez." Répondit l'elfe, indifférent. "Il me l'a montré..."

"Il est votre ôte..."

"Je ne parle de mon pouvoir... de mon ôte, mais de Vlcak.."

"Vlcak ? Précisez..."

"Lors de ma première rencontre avec lui, il m'a montré la souffrance que les drows ont endurés pendant tout ce temps. Il a aussi ressentit la haine en moi..."

"Alors vous savez ce que nous endurons chaque jour qui passe. Ce mal en nous, cette souffrance qui nous ronge... à cause de nos bourreaux et des sous races, il ne fallait pas qu'ils nous jugent... ils n'ont jamais acceptés qui nous étions vraiment... leur arrogance et leur jalousie."

"Vos méthodes ne vous apporterons selon moi que plus de souffrances..."

"Non, pas si nous récupérons ce que nous voulons... ce qui nous appartient."

"Qui est ?"

"Nos terres..."

"C'est à dire ?"

"Ici même, nos terres à nous, les premiers êtres créés dessus."

Elvundel soupira longuement après les paroles de la drow, puis se tourna vers l'océan et changea de sujet à nouveau...

"N'avez vous jamais eu envie de.. vous évader de tout ceci ? De tout simplement exister autrement ? Je veux dire, être ailleurs, pouvoir vivre autre chose que tous ces combats, que toutes ces souffrances..."

"Tant que le peuple, toutes les sous races, n'aura pas compris ce que nous voulons, et que nous l'obtiendrons, ce sera ainsi."

Elvundel sourit à l'entente de ces paroles, reconnaissant bien là celle qu'il considérait comme son amie...

"Toujours autant de caractère, voir même plus je dirais..."

"Lolth m'a fait comprendre bien des choses et je l'en remercie, j'ai pu revenir grâce à elle..."

"Moi j'aimerais vivre comme les autres, et arrêter d'être anormal..."

"Qui vous dit que vous êtes anormal ?"

"Tous me prennent pour un fou... vous la première..." Il baissa la tête après avoir dit ces quelques mots qui le blessaient.

"Je fus surprise sur le coup, qui ne l'aurait pas été ?"

"Vous luttez contre les sous races, moi mon combat, c'est contre moi même que je le mène, je ne vois pas en quoi c'est difficile à accepter..."

"Rien ne vous empêche de le faire."

"Personne ne sera plus surpris désormais, seules les personnes en qui j'aurai une totale confiance connaitront les secrets que je renferme... vous savez, j'ai fait une erreur..."

"Quelle erreur ?"

"Ce n'est pas très grave, puisque ça m'a permis de développer bien des choses..."

"Cela ne répond pas à ma question..."

"C'est à cause de cela, que l'on m'a pris pour un fou..."

Elvundel retira lentement ce qui lui maintenait les yeux fermer...

"Mon erreur était..."

"Etait ?"

"De croire que c'était mes yeux qui le laissaient sortir..."

Il ouvrit lentement les paupières, et fixa intensément l'ombre de ses yeux bleu ciel.

"Tout le monde peut faire des erreurs ou croire quelque chose qui n'est pas finalement."

Le jeune elfe adressa un léger sourire à la drow, puis repris la parole.

"C'est valable pour vous également..."

"Je n'ai point fait d'erreur."

"Cela ce n'est pas à moi d'en juger."

"J'ai toujours été une drow, mais endormie comme certains. Et comme d'autres qui se réveilleront à leur tour."

"Dites moi franchement... pensez vous qu'il en soit un... mon ôte..."

"Ceci n'est point à moi d'en juger mais à mes princes... et Lolth elle même."

Elvundel baisse la tête.

"Vous pourriez être un drow..." Reprit l'ombre.

"Moi ? Ou lui..."

"Lui. Pour vous je ne sais pas, vous pourriez être un drow endormi, comme je le fus."

"Vlcak avait raison en disant que je portais la haine en moi... je hais tous ceux qui m'ont rejetés."

"Moi aussi j'avais cette haine, mais après vient l'éveil, la souffrance des drows, notre histoire."

"Ils ne voudraient certainement pas de moi... regardez vous, vous êtes devenue forte... moi, j'ai du mal à me contrôler moi même."

"Ce n'est pas à vous d'en juger, mais à eux, je ne peux répondre à leur place."

"Une autre chose, vous n'avez plus de raison de vous cacher devant moi désormais..."

"En effet."

"Laissez moi voir la beauté de ce que mes yeux ne pouvaient m'offrir jusqu'à présent."

"Je ne suis plus comme avant, vous le savez."

"Quelle importance, avant ou pas... ce qui compte, c'est le présent et l'avenir." Il lui adressa un sourire tout en la regardant, puis elle se dévoila entièrement.

"Oui l'important est aujourd'hui. Je suis impressionnée par vos yeux, c'est un plaisir."

"Est ce vraiment l'apparence qui compte, non bien entendu, mais elle apporte le régal des yeux... et ce régal apporte un peu de réconfort parmi toute ces souffrances. Les votre sont tout aussi impressionnants, c'est un plaisir pour moi également."

Ils parlèrent ensuite d'autre chose, une chose qui avait son importance, malgré tout ce qui se tramait en ce moment. Cela paraissait important aux yeux du jeune elfe, on pouvait le lire sur l'expression de son visage. Cependant, ce n'était pas réciproque, l'ombre resta impassible comme elle l'était depuis le début de la conversation.

"Alors je peux à nouveau vous considérer comme une amie... vous ne pouvez pas savoir le bien que cela me procure."

L'ombre se contenta de lui répondre par un sourire, c'était la première qu'il la voyait faire cela. Désormais c'était certain, elle ne le rejetterait plus...

"Cela faisait longtemps que je n'en avais plus vu... un sourire, ça me fait chaud au coeur, d'autant plus qu'il vient de vous."

"Je tenais à vous dire que je vous ai toujours accepté comme vous étiez, mais à cause de certaines choses j'ai réagit comme je l'ai fait."

"Pourquoi ne pas m'en avoir parlé directement ? Vous savez... la pire des choses quand l'on tient à une personne, c'est son silence..."

"Vous savez à présent..."

"Et cela ne me fait rien, j'ai souffert de votre silence lorsque je me suis sentit rejeté..."

"Le temps nous dira à présent si l'âme d'un drow sommeil en vous.."

Il baissa les yeux à nouveau.

"Si c'était à vous d'en juger, que feriez vous ?"

"Seul Lolth en décide..."

"Ce n'est pas ce que je vous demande..." Il releva la tête et la fixa dans les yeux. Elle le fixa également.

"Je vous ferais ce que j'ai moi même subit, et Lolth en déciderait par la suite."

Il sourit légèrement et repris.

"Je n'arrive plus à percevoir ce que me réserve l'avenir, je suis entre deux eaux. J'ai des souvenirs de mes rêves, enfin, ce sont plutôt des cauchemards... il y a toujours cette immense araignée qui revient, et ces incantations... les mêmes que les votre. Mais il y a aussi cette personne, et les esprits de lumière..."

"Hummmm, qui est cette personne ?"

"Une elfe qui m'a parlé d'eux et d'un certain Argos..."

L'ombre fronça les sourcils.

"Cela ne me dit pas son nom."

"Elle s'appelle Tari."

"Le nom d'Argos me dit quelque chose en effet... j'étais encore en éveil. Les esprits de lumière restent neutres, et resteront en vie temps qu'il garderont leur neutralité."

"Vous avez l'air de les mépriser."

"Ils sont la lumière, nous sommes l'ombre, nous nous méfions d'eux."

Elvundel soupira.

"Je ne sais plus quoi faire, quels choix je dois faire, vers qui je dois me tourner..."

"Khaless nau uss mzild taga dosstan... ne crois en personne autre que toi même."

"Je ne sais pas qui je suis moi même..."

"Vous seul détenez la réponse au fond de vous, vous seul détenez la clef de votre avenir... un elfe blanc ou bien un drow... si vous avez l'âme d'un drow, vous vous éveillerez. Je parlerai de vous à mes Qu'ess... mes princes."

"Bien..."

"Je dois partir."

"Je le sais." Dit il avec le sourire aux lèvres.

"Nous nous reverrons Elvundel..."

"Je l'espère, à bientôt."

"A bientôt."

Il la regarda s'éloigner peu à peu, pensif. Il s'était toujours posé des questions sur lui même, sur ses origines, sur son existence, et on lui en donnait enfin. Etaient ce les bonnes ? Il n'en savait rien, mais il voulait le découvrir...

Lumière, ténèbres - Confrontation

Quelques temps après sa discussion avec son amie drow, Elvundel se posait toujours autant de questions. Il voulait en parler à quelqu'un qui n'avait rien à voir avec tout ceci, et envoya une lettre à Tari, cette elfe qui lui avait rendu la joie de vivre et à qui il tenait énormément. Elle vint le rejoindre quelques temps plus tard à l'endroit où ils se parlaient la plupart du temps. Elle semblait rayonnante de joie et heureuse de le revoir.

"Elvundel!!!" S'exclama t'elle avec un sourire radieux aux lèvres. "J'ai bien reçu ta lettre."

Elvundel la contemplait, avec le sourire, c'était la première fois qu'il la voyait vraiment de ses yeux, mais cela, elle ne le savait pas.

"Bonjour Tari." Dit il, toujours avec le sourire. "Cela me fait le plus grand bien de te revoir enfin."

Elle continua de s'approcher, toujours avec son sourire radieux, et s'arrêta à quelques pas devant lui. La revoir était pour lui un grand bonheur, jamais il ne se sentait aussi bien qu'en sa compagnie et celle de son amie drow.
Il commença par lui demander comment elle allait, et écouta ce qu'elle avait à lui dire. Ensuite, elle lui demanda comment lui allait... et il se refusa de lui cacher la vérité. Elvundel lui avoua son mal être grandissant par rapport à leur dernière discussion, de toute façon elle le sentait, il ne pouvait pas lui cacher de part déjà la tristesse dans l'expression de son visage et de ses yeux. Elle semblait affectée par le sort de son ami, et voulait en savoir plus, et l'aider...
Peu de temps après le début de leur discussion, une senteur de mille fleur sauvages en éclosion se fit ressentir, et une voix se fit entendre. L'ombre, elle était là... mais dans quel but ? Tari reconnu cette senteur, et cette voix, et s'affola immédiatement.

"Elvundel !!! Ils rodent ils sont là, cours, sauves toi !!!"

Le jeune elfe resta figé, fixant Tari d'un air calme et serein.

"Elle n'est pas mon ennemi..." Répondit il.

"Quoi ? Mais ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai !!!" Tari n'en croyait pas ses oreilles. Elle se mit à pleurer, l'implorant et songeant au pire et à ce que pouvait devenir Elvundel, un drow sanguinaire et meurtrier comme elle les connaissait...

"Ce n'est pas à vous de lui dire ce qu'il a à faire, de toute manière vous ne pouvez rien pour lui, ni vous, ni moi, c'est à lui seul de trouver sa voix." Dit l'ombre, lâchant ensuite un ricanement assez déplacé.

La discussion s'en suivit ensuite par des paroles quelques peu déplacées, provocantes et parfois même blessantes. Elvundel essaya de les calmer, haussant le ton quand il le fallait. Elles étaient toutes deux au courant de ce qu'endurait Elvundel en ce moment, et de son mal être. Il se posa des questions, devant elles, il avoua certaines de ses incertitudes. L'ombre s'avança alors vers lui, tout près, et le regarda dans les yeux.

"Je vous l'ai dit, la réponse se trouve au fond de vous..."

A ses paroles, elle saisit une de ses dagues, et l'enfonça profondément dans le bras droit du jeune elfe, qui ne ressentit la douleur qu'un moment après coup, tellement l'effet de surprise fut grand.

"Elvundel !!! Non !!!" Cria tari, toujours en larmes. Elle resta pourtant là où elle était, ne pouvant pas intervenir du fait de la neutralité vis à vis des drows des esprits de lumière, elle ne voulait pas briser le pacte de non agression entre ces deux clans, qui ne tenait qu'a un fil déjà.

Ignorant Tari, l'ombre continua ce qu'elle avait entreprit de faire, Elvundel la regardait alors droit dans les yeux, et savait que ce qu'elle lui avait fait n'était que le début. Elle le fixa elle aussi, puis enfonça sa dague dans sa jambe gauche cette fois, toujours aussi profondément. Il y était préparé et juste juste un cri étouffé sortit de sa bouche. Sa jeune amie Tari était pétrifiée, elle ne savait pas quoi faire... lui se redressa péniblement après avoir posé le genoux de sa jambe gauche à terre sous l'effet de la douleur, et fixa de nouveau l'ombre dans les yeux.

"Maintenant tu es prêt..."

Elvundel demanda ensuite à Tari, en s'excusant après d'elle, si elle pouvait le laisser parler avec l'ombre. Elle accepta, elle devait se retirer de toute manière, mais elle tenait absolument à le revoir, ce qu'il tenait également. Tari partit, Elvundel la regarda s'éloigner, le coeur lourd, puis rejoint l'ombre, et s'entretenu avec pendant pendant plusieurs heures, avant qu'elle ne parte à son tour, le laissant seul à nouveau, au bord de la plage, à méditer.

Moment de reflexion à la belle étoile

Après s'être séparé de l'ombre et après sa méditation, Elvundel se rendit dans un campement abandonné, non loin d'Emblème, où il avait prévu d'y passer la nuit.
Arrivé sur les lieux, il alluma un feu avec les branchages qu'il avait ramassé le long du trajet. Ses mouvements étaient devenus beaucoup plus lents à cause de ses blessures, il ne pouvait pas se mouvoir comme il le voulait, pour ne pas que la douleur soit trop intense. Après avoir allumé le feu, il s'assit tout près, et regarda ses plaies. Son regard se posa ensuite sur les flammes, puis il se demanda si il ne pouvait pas les refermer en les cautérisant. Une grimace déchira son visage et un petit son émana de sa bouche, il venait de toucher une de ses blessures.

"Une épreuve..." Se dit il en s'allongeant sur le dos les mains derrière la tête.

Il contempla longuement la lune et les étoiles, son regard semblait se perdre dans l'immense étendu de l'espace. Lui ne voyait déjà plus le ciel, seuls deux visages apparaissaient devant ses yeux, bien sur, c'était le fruit de sa pensée... ces visages n'étaient autres que ceux des deux personnes qui comptaient le plus dans sa vie, pour qui il donnerait sa vie si il le fallait, Tari, et l'ombre...
Un léger sourire aux lèvres, il pensa...

"Ange de la lumière, et ange des ténèbres... moi qui me sentais rejeté par tous il y a peu, aujourd'hui je devrais être un homme comblé de vous avoir. Pourtant, je craints ne pas pouvoir rester entre vous deux indéfiniment, je vais devoir faire un choix..."

Il perdit son sourire, fixant toujours le ciel.

"Un choix... comment pourrais je... je suis tombé dans la plus belle prison qui soit... vos filets..."

Il s'endormit à ses mots, le visage de Tari et de l'ombre toujours à l'esprit. Ce fut une nuit agitée, pleine de cauchemars et de réveils le front trempé de sueur. Le matin venu il repartit vers la plage d'Emblème, en chasse...

Rêve et réalité - Mélancolie

"Laisse ton coeur te guider..."
"Certains sentiments peuvent empêcher l'éveil, tu ne dois plus la revoir."
"Tu dois faire abstraction de tout sentiment."
"Pourquoi les laisses tu t'approcher ?"
"Seul toi et toi seul détient la réponse. Regardes au fond de toi..."
"Je ne veux pas te perdre, ne laisses pas cette chose t'envahir."

Ces phrases raisonnaient dans la tête d'Elvundel, alors qu'il était en plein sommeil. Elles avaient été prononcées par des personnes qui lui étaient chères. Il était comme hanté par leurs mots, ils revenaient sans cesse, se mélangeants, devenant de plus en plus fort. Pendant qu'il dormait, il se voyait au milieu de nul part, le noir complet, le vide. Ce n'était pas un rêve ordinaire, il voyait comme si c'était réel, comme si il vivait cet instant, comme si il était ailleurs... tout était calme, le silence faisait place dans le néant où il était plongé, puis vinrent des murmures.
Les murmures commencèrent peu à peu à se distinguer alors qu'il tendait l'oreille, et devinrent les phrases qu'il avait si souvent entendues. Petit à petit le rythme s'accélérait, les phrases se faisaient entendre de plus en plus vite et se mélangeaient, aboutissant à un brouhaha assourdissant, qui se faisait de plus en plus fort.
Le jeune elfe était en sueur alors qu'il dormait, il vivait un moment de folie, une folie qui devint peu à peu sienne, ne pouvant échapper à l'entente de ces phrases, il voulait que cela cesse, il n'en pouvait plus. Puis tout à coup, le silence, à nouveau. Elvundel semblait plus serein et plus calme dans son sommeil, mais le vide était toujours présent tout autour de lui dans son rêve. Il se mit alors à avancer, droit devant... au bout de quelques mètres, le sol se déroba sous ses pieds, et il pu voir de la lave en dessous de lui. Il n'eut pas le temps de réagir qu'il y était déjà plongé.
De nouveau des gouttes de sueur perlèrent sur tout son visage, il semblait ressentir la souffrance de son rêve, un vrai cauchemar en réalité... il se voyait consumé par la lave en fusion, il voyait sa peau de couleur noire brûler et en ressentait la douleur, la douleur... elle n'était pas rêvée, elle était bien réelle, il se sentait brûler vif, ses gestes accompagnaient ceux qu'il faisait dans son cauchemar. Souffrance, brûlure, il n'avait plus que cela en tête, douleur... il se débattait, il hurlait, il ne voulait qu'une seule chose, que cela cesse, il attendait la mort de pied ferme, il la désirait plus que tout le reste! Mais rien, rien n'y faisait il continuait à souffrir, à hurler...
A ses hurlements se mêlèrent ceux d'autres personnes brûlantes tout comme lui dans la lave, eux aussi avaient la peau sombre de ce qu'il put en distinguer. Puis après vinrent à nouveaux les voix, les voix de ses amies et du prince des drows, celles qui le hantaient, elles venaient s'ajouter à ses souffrances. Il était au bord de la folie, les larmes jaillirent de ses joues, s'évaporants presque instantement...

Le jeune elfe se dressa ensuite d'un bon, toujours en sueur, le souffle court, haletant comme si il venait de fournir un effort physique intense. Il mit un certain avant de se rendre compte que ce n'était qu'un cauchemar, similaire à celui qu'il faisait toutes les nuits, mais cette fois, c'était bien pire qu'avant. Il saisit ensuite son bâton et prit appui dessus pour se relever, laissant derrière lui une immense tache rouge dans le sable... le sable, d'habitude de couleur or, mais rouge sang là ou Elvundel s'était endormi. Rouge du sang qui coulait sans cesse de ses blessures profondes, qui le faisaient souffrir atrocement depuis qu'elles lui avaient été faites. Il savait que ce n'était qu'un début, qu'il n'avait encore rien vu.

"Vais je y arriver ?" Se demandait il. "Ils croient que ma décision n'est pas encore prise, mais elle l'est depuis longtemps... cependant, comment leur dire que je sais que je suis un drow, mais que je sais également que je ne suis pas comme eux..."

Il commença à marcher lentement, repensant à Tari qu'il n'avait pas revu depuis tant de temps, elle qui voulait absolument l'empêcher de devenir ce qu'il était vraiment. Il fallait qu'il lui explique, que ça ne changera pas ou peu sa personnalité, que ça ne changerait pas sa manière de penser ni ses sentiments... enfin, après tout qu'en savait il ? Rien...
Une autre chose le tracassait, Vlcak, censé être son prince, il l'avait vu dans son cauchemar, juste avant de se réveiller. Curieusement, son instinct le poussait à lui faire confiance aveuglement, malgré qu'il avait une certaine réticence envers lui... il voulait en apprendre plus, le connaitre d'avantage, trouver les réponses à toutes ces questions qui étaient les siennes...

Pensées pour un ange

Je ne sais pas depuis quand mon sourire est devenu si vide,
Va t'il se briser à cause de cette peur ?
En tournant seulement les choses vers la lumière d'après toi,
On acquiert la force pour traverser toutes les épreuves du monde
Si seulement cela pouvait être vrai...
Allons à l'endroit où il pleut des étoiles,
Je veux te retrouver, je pense à toi.
Je serai à tes cotés.
Cette froideur dans nos coeurs, je l'embrasserai
Même si nous sommes maintenant éloignés,
Nous nous rencontrerons sûrement à nouveau...
Dans une nuit silencieuse, je t'embrasserai

Après avoir écrit ces quelques lignes sur un morceau de parchemin, Elvundel repensait à celle pour qui il écrivait ces mots et qui était pour lui l'incarnation même de la bonté et de la gentillesse.
Il hésita ensuite à déchirer et à jeter ce qu'il venait d'écrire, se disant qu'elle en aimait un autre, et puis il se demandait de plus en plus si elle accepterait ce qu'il était vraiment.

"Avoir une apparence différente, cela ne change pas la personne au fond d'elle." Se disait il. Cependant, il doutait... des doutes qui lui faisaient mal en plus des souffrances qu'il endurait déjà.

Les yeux figés sur l'encre qui avait déjà séchée, il songeait, il se posait encore des questions, de plus en plus, sans avoir aucune réponse. Il baissa ensuite les yeux, il se dit alors au diable les questions, il devait vivre comme il le sentait dans l'espoir qu'elle ne le quitte jamais comme elle lui avait promis. A la fin du parchemin, il écrit en s'appliquant les lettres du nom qu'elle portait : Tari , puis rangea le parchemin ensuite, n'ayant pas prévu de lui faire part un jour malgré qu'elle savait ce qu'il ressentait pour elle... il s'en retourna ensuite vers la plage non loin d'Embleme, serrant contre lui le pendentif que Tari lui avait confié... un porte bonheur selon elle.