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[HISTOIRE] Haenshaven, l'ombre du corbeau

Posted: 07 Jun 2006, 19:14
by Le Compteur d'Histoire
Une fin de soirée comme on les apprécie tant dans le village d’Albion…Les beaux jours avaient fini par prendre allégrement le dessus sur le morne hiver et ce début de soirée semblait des plus prometteurs.

Le soleil commençait à décliner langoureusement vers la ligne d’horizon, menaçant de tomber à l’eau dans les plus brefs délais afin de laisser place à l’astre de nuit.

Sur la place du village, la vie était à l’honneur malgré la luminosité décadente : les commerçants s’invectivant, les passants flânant, les cris d’animaux résonnant dans tous les coins de la place centrale.

Au milieu de tout ce raffut se tenait un petit groupe d’enfants. Une quinzaine à vue de nez…de toutes origines, garçons et fillettes, tous âgés d’une dizaine d’années.
Ce qui avait constitué au début un arc de cercle bien ordonné et très calme s’était mué en un grand foutoir bruyant, glapissant d’une énergie débordante propres aux jeunes pousses en pleine découverte des joies de la vie.

Ils semblaient cependant attendre quelque chose…ou bien quelqu’un…

A quelques pas de là, un vieil homme voûté, portant une longue barbe blanche et habillé d’une ample toge grise observait la scène d’un œil amusé. Son visage respirait la sagesse et l’expérience de la vie : sa peau était tannée par le soleil, marquée d’amples sillons témoins d’une vie riche d’enseignements. Ses yeux bleus perçants dénotaient du reste de son physique décadent par leur vivacité et leur témérité flagrante.
Sous son bras droit, le vieil homme portait un gros livre à la couverture rouge décrépie, à la reliure usagée…un manuscrit riche d’un enseignement centenaire de toute évidence.

« Il est temps… »

Le vieil homme s’avança lentement en direction du groupe de jeunes enfants…

Posted: 07 Jun 2006, 19:38
by Le Compteur d'Histoire
Arrivant à proximité des troublions, le vieillard entonna d’une voix doucereuse mais ferme :

« Allons, allons les enfants…du calme… »


Un cri de joie collectif s’éleva de la masse informe que composaient désormais les enfants empilés les uns sur les autres à se chamailler.

« Isongald !!!!! Il est là vous autres !!!!! »
« Isongald !!! Isongald »
s’écriaient les enfants pleins de joie.

Les enfants s’empressèrent d’encercler le vieil homme.

« Asseyez vous et calmez vous…sinon…pas d’histoire ce soir.»

Isongald était connu dans le village pour être le plus grand conteur d’histoires. Son talent résultait d’un savant mélange de son vécu et de son imagination débordante.

Les enfants s’étaient tous assis en arc de cercle autour d’Isongald, prêts à boire ses paroles comme un breuvage sucré qui étourdirait les papilles de leur curiosité et de leur imaginaire. Il régnait désormais un silence de cathédrale…

Isongald s’assit à son tour à même le sol, posa son vieux livre sur ses genoux…

« Bien…j’ai choisi ce soir de vous raconter une histoire toute particulière…une histoire très vielle, bien plus vieille que moi. Une histoire à la fois inquiétante et magique…dont l’énigme reste aujourd’hui sans réponse. Peut être qu’un jour l’un d’entre vous réussira à trouver le fin de mot de tout cela. »

Les enfants étaient déjà captivés par cette simple mise-en-bouche. Isongald était content et fier de sa petite mise en scène : faire passer un de ses contes pour une histoire vraie était un de ses tours de passe-passe favori.

Un grand sourire aux lèvre il lâcha victorieusement : « Et bien …voici l’histoire d’Haenshaven, le plus grand furtif qu’est connu tout le royaume d’Amtenael…celui qu’on nomme aussi l’Ombre du Corbeau »

Posted: 08 Jun 2006, 17:02
by Le Compteur d'Histoire
Isongald se racla légèrement la gorge afin de s’éclaircir la voix.

Parmi les enfants le chahut avait fait place au silence et leur attention était toute tournée vers le vieil homme.

« Selon les dires des plus anciens du village, Haenshaven serait né à Albion de l’union d’une prosti…hum…d’une femme de plaisir et d’un marginal de passage. Il vécut sa petite enfance dans la misère, n’ayant jamais connu son père et tentant tant bien que mal de subvenir à ses besoins et aux besoins de sa mère.

Il commença à vivre de petits larcins dès son plus jeune âge. La légende raconte que dès l’âge de 5 ans il volait sur les étals des marchands avec un don certain. Très adroit de ses petites mains il chapardait fruits, viande séchée, volailles…afin de se nourrir et de nourrir sa mère.

Puis l’année de ses 9 ans la maman d’Haenshaven tomba gravement malade. Trop pauvre pour se payer médecins et remèdes, Haenshaven commença alors à voler la bourse des gens, furtivement selon les cas, avec violence et agression parfois…

Il finit par se résoudre à cambrioler les demeures des riches prolétaires avec un succès non négligeable grâce à un talent certain pour la discrétion et à la magie de ses doigts habiles.

Les semaines passant, Haenshaven réussit à réunir suffisamment d’argent pour faire soigner sa pauvre mère. Le surplus dégagé par ses vols à répétitions lui permit même de venir en aide aux plus défavorisés de son quartier.

Prise en charge par un médecin de renom, la mère du jeune Haenshaven commença à se porter de mieux en mieux...
… Jusqu’au jour où un drame terrible survint… »


Posted: 08 Jun 2006, 17:07
by Le Compteur d'Histoire
Isongald reprit…

« Un soir alors qu’il rentrait d’un de ses petits méfaits, Haenshaven fût surpris de trouver la porte d’entrée de sa modeste maisonnée ouverte. Inquiet –ce n’était pas dans les habitudes de sa mère de ne pas fermer le verrou – il entra silencieusement.
Tout semblait calme hormis un peu de bruit provenant de la chambre de sa mère. Déjà bien avancé dans l’art du camouflage, Haenshaven s’approcha de la chambre en silence…Ce qu’il aperçut alors lui glaça le sang et changea radicalement le cours de sa vie.

Un homme vêtu de noir et cagoulé se trouvait dans la pièce sans dessus-dessous. Tous les tiroirs avaient été vidés de leur contenu, tous les placards étaient ouverts…et sur le lit…sa mère.

Sa mère gisant sur le dos, baignant dans une marre de sang, la gorge ouverte de part en part…

L’homme en noir tenait dans sa main une petite bourse de pièces…

Un cambrioleur…un simple cambrioleur…voilà ce qui venait de couter la vie à sa mère. Voilà quel était le prix d’une existence anéantie, voilà quel était le prix d’une enfance volée…quelques simples piécettes…juste de quoi à acheter un demi poulet. Pas plus…

Quel paradoxe...le voleur a qui l'on vole son bien le plus précieux...la vie est parfois cruelle.

Pétrifié, Haenshaven n’esquissa pas le moindre souffle, pas le moindre geste. Il resta tapi dans l’ombre et observa le cambrioleur quitter sa maison sans même avoir pu identifier l’assassin.

C’est ainsi que la vie d’Haenshaven prit une nouvelle voie à sens unique. Il réalisa qu’il ne pourrait jamais revenir sur son passé, jamais plus se retourner en arrière.

Il avait tout juste 11 ans…

Suite à ce funeste évènement, Haenshaven disparu d’Albion. Certains badauds dirent l’avoir aperçu au lendemain du drame, un baluchon sur l’épaule marchand le regard dur et glacial vers la sortie du village.

Il n’aurait pour survivre que sa connaissance de la rue et ses talents de voleur…

Posted: 08 Jun 2006, 17:51
by Le Compteur d'Histoire
"La trace d’Haenshaven le jeune mais néanmoins talentueux furtif disparue avec lui ce jour là...
Ce n’est qu’une bonne dizaine d’années plus tard que certains signes manifestes laissèrent penser que le voleur était de retour.

Une rumeur se répandit comme une trainée de poudre magique dans tout Amtenael. Un nombre important de vols plus ou moins importants avaient été commis dans un laps de temps très court, sans que jamais qui que ce soit ne se rende compte de quoi que ce soit.

Certains vols avaient été commis en plein jour, d’autre au milieu de centaines de personnes sans qu’aucun coupable ne se fasse interpeler ou même remarquer. A coup sûr il s’agissait d’un furtif d’exception, d’un voleur d’une habilité remarquable comme il en existait peu.

A chaque fois sur les lieux du crime on pouvait trouver la silhouette d’un corbeau, dessinée au fusain noir. Une signature à n’en pas douter…
Les gardes impériaux s’attelèrent à mettre la main sur le coupable des ces petits larcins sans réussite. A l’exception du corbeau, personne n’avait pu fournir le moindre indice sur l’identité du voleur.

Quelques mois passèrent et les crimes devenaient de plus en plus importants : de simples badauds détroussés on était passé à de somptueuses demeures totalement vidées de leurs bien puis à des banques dévalisées voir même des bâtiments propriété de l’Empire mis à sac.

Et à chaque fois le coupable réussi à s’enfuir avec son butin sans avoir ne serait-ce qu’était aperçu...un simple corbeau noir en guise de signature.

La psychose commença à se répandre dans tout le royaume concernant l’existence d’un voleur extraordinaire capable de disparaitre en un battement de cil et à qui aucun verrou ne pouvait résister.

Le fait le plus marquant se déroula un soir de pleine lune. La chambre de l’Empereur elle-même fut cambriolée et tous les bijoux et attributs royaux subtilisés. Les gardes retrouvèrent l’Empereur ligoté et bâillonné sur son lit, un grand corbeau noir dessiné à même les draps impériaux. L’empereur n’avait pas vu son agresseur mais pour la première fois le voleur avait parlé. Il avait murmuré à l’oreille impériale un nom : « Haenshaven…je me nomme Haenshaven ».

Bien évidemment aucun garde, aucun représentant de l’ordre ni chasseur de prime ne réussi à mettre la main sur Haenshaven.

Suite à cet évènement de nombreuses histoires commencèrent à circuler dans le royaume : des joyaux inestimables étaient dérobés, des trésors légendaires enfouis depuis longtemps faisaient surface avant de disparaitre à nouveaux…ainsi naquit la légende d’Haenshaven.

La légende d’un voleur hors norme qui avait fini par conquérir les cœurs des jeunes habitants du royaume en manque de modèle et d’exemple.

Et si ces histoires reflétaient certainement une part de vérité, elles camouflaient également la part d’ombre d’Haenshaven.

Car Haenshaven était aussi un assassin extraordinaire. Il exécuta de nombreux contrats sans que jamais cela ne se sache…ainsi son image ne fut jamais ternie mais certains disent qu’il était le plus froid des tueurs à gage, sans compassion aucune.

La fin de l’histoire raconte que de contrats en vols, Haenshaven a amassé une fortune colossale avant de se retirer avec son trésor. La rumeur populaire semble indiquer qu’il est toujours en vie, quelque part… Si la légende dit vrai il serait alors âgé de 154 ans…

Mais qui sait où est la part de vérité dans tout cela ?

Un drame a bel et bien touché un enfant nommé Haenshaven à Albion, de nombreux vols et assassinats furent commis sous l’égide du corbeau noir…mais personne n’a jamais pu jurer qu’il s’agissait bel et bien d’Haenshaven car personne n’a jamais plus vu sa silhouette ou son visage depuis ses 11 ans.

Peut-être qu’un jour l’un de vous deviendra un grand aventurier et se lancera sur les traces d’Haenshaven, de son immense talent et sa fortune colossale… qui sait ? »


Isengold arborait un large sourire face à la mine absorbée des enfants.

« Voilà …c’est fini pour ce soir. Il est grand temps d’aller vous coucher maintenant. »

Les enfants se levèrent sans moufter….comme un seul homme, des images et des rêves pleins la tête.

Le plus âgé d’entre eux, un garçon d’une quinzaine d’année dénommé Alrick s’avança vers Isongold.

« Elle est vraie ton histoire ? » dit-il d’un regard perplexe.

« Hummm…tu es le plus âgé et le plus sage de tous. Tu es presqu’un homme…alors je vais te dire la vérité. Cette histoire est…peut-être vraie…peut-être fausse. »

Et Isongold éclata de rire.

Non loin de là, un imposant Firbolg – visiblement un barde vu les instruments de musique accrochés à son dos- avait observé et écouté toute la scène.

« Voilà qui est un sujet d’inspiration intéressant…je vais tenter d’en apprendre plus au sujet de cette légende. »

Posted: 02 Apr 2007, 21:29
by Le Compteur d'Histoire
Le destin est enfin en marche...