…à la lumière pâle et maladive d’une lampe sourde, une main gantée de noir se saisit du talisman au visage rubicond pour l’incruster délicatement dans l’interstice situé au fond de la gouttière qui courait à la verticale, le long du mur d’impasse rougeâtre aux briques détrempées par la pluie.
Ce dernier s’escamota sans plus de bruit qu’une simple mécanisme d’horlogerie parfaitement huilé.La forme obscure s’engouffra sans plus attendre dans les méandres béants de l’escalier en colimaçon qui se dessinait alors…non sans avoir au préalable regardé une dernière fois en arrière.
Après une descente interminable, ponctuée de quelques frayeurs relatives à l’étroitesse des antiques marches de pierre, un couloir se profila. L’ombre si engagea en libérant les carreaux opaques de sa lampe pour mieux y discerner son parcours. <J’aurai du y penser lors de la descente> se gourmanda-t-elle. La lumière ainsi libérée, dardait de puissants éclats sur la pierre taillée.Quelques battements de cœur après, une porte en chaîne bardée de fer apparut.
Suite à quelques brefs coups singeant un code entendu, la porte s’ouvrit de l’intérieur dans le gémissement de ses gonds.
<Bienvenue, mon Maître nous attend> lâcha d’une voix criarde le gardien de la porte. La silhouette suivit la petite créature aux traits contrefaits dont l’apparence n’était pas sans rappeler un goblinoïde bossu et décharné.
Un couloir semblable au dernier mais éclairé par deux rangées de torches fixées aux murs s’annonça au drôle de duo. Seconde porte, nouvel escalier dont l’ascension permit enfin de déboucher à un étage peu familier mais pas totalement inconnu…
…L’Académie de Magie de Camelot était plongée dans sa torpeur nocturne, lorsque la silhouette encapuchonnée pénétra dans le petit bureau.
-Vous auriez pu m’éviter l’affront d’avoir à suivre en aveugle votre hideux serviteur depuis le rez-de-chaussée, Maître Efford…clama d’une douce voix la silhouette qui rejeta son capuchon en arrière, laissant ainsi voleter ses cheveux d’or.
-Il m’agrée pourtant de vous satisfaire de mon mieux Dame Eldorianne…prononça Efford d’une voix visqueuse tout en s’inclinant.
La pièce était petite, chaleureusement décorée d’un tapis vert sombre composé de motifs complexes sur lesquels dansaient les reflets vivants d’une bonne flambée. Deux énormes fauteuils tapissés de cuir brun, un guéridon ouvragé, une bibliothèque murale convenablement fournie, formaient l’unique mobilier du lieu.
-Rassurez-moi Maître Efford, ce n’est pas ici que nous allons réaliser ce pourquoi j’ai parcouru la ville de nuit et sous une pluie battante ? dit-elle d’un ton cassant.
-Non pas, Dame. Mais je sollicitais cet intermède…
-Pour vous vous faire rétribuer ! coupa sèchement la dame.
-En effet, car mobiliser mon talent n’est pas sans un coût…
-Prohibitif, je ne le sais que trop ! contra à nouveau son interlocutrice.
Maître Efford était un vieil homme bedonnant entièrement chauve dons le crâne tavelé était marqué de taches de vin. Vêtu d’une robe de tissu cramoisi doublé de soie noire, il passait, du haut de son visage d’oiseau de proie au regard défiant, pour l’un des plus grands invocateurs de sa génération.
Eldorianne défit sa cape et la lança nonchalamment sur le dos de l’un des gros fauteuils, révélant ainsi son armure de mailles pourpre frappée du symbole de La Lumière…élément non négligeable pour passer la garde si son expédition nocturne eut échoué.
-Voici, comme convenu, la liste des gens de votre Ordre susceptibles d’être poursuivis par l’Inquisition. Pour mémoire, sachez que je ne porte pas ces exécuteurs publics dans mon cœur…ni ne cautionnerait les agissements des vôtres.
Elle tendit au vieillard un parchemin blanc cacheté du sceau de L’Eglise d’Albion. Efford s’en saisit avec avidité, le déroula avec empressement et commença à le compulser avec attention.
-Hum...hum...Fort bien Dame, je constate avec joie que vous avez rempli la part de votre engagement. Mes compagnons seront forts aises de vos bienfaits…même si cette action vous place dans le camp des hérétiques au regard de La Lumière ! gloussa l’homme dans un ricanement.
-Croyez bien que je saurai m’en arranger Maître. Mais ne me poussez pas à regretter mon geste… dit-elle en lui adressant un regard froid
Efford se dirigea vers l’âtre crépitant et y jeta l’écrit. Pendant que le billet se consumait avec rage, il pivota et s’approcha du guéridon pour y saisir une forme jusque là totalement invisible, qui lorsqu’il s’en empara, se révéla être une petite pyramide d’onyx.
-Dame Eldorianne dit-il d’une voix caverneuse, il est temps de m’acquitter de ma part de contrat !
La petite pyramide s’éleva au dessus de sa paume décatie et se mit à tourner de plus en plus rapidement sur elle-même.
-Prenez ma main, très Chère, Il ne saurait nous attendre plus longtemps ! ricana-t-il
Eldorianne franchi la distance qui la séparait de l’invocateur et éprouva de la peur au contact de la main glacé du vieillard. Elle était pleinement consciente que des heures sombres s’offraient à elle.
<Je ne peux plus m’enfuir...Puisse ton tendre souvenir me réconforter…Car cela m’appelle encore...> songea-t-elle avant de disparaître.
[Eldorianne est un autre de mes personnage roleplay...]
[Excusez moi pour la longueur...
