
Introduction
Le soleil montait peu à peu au dessus des champs de blés. La journée serait belle, à n'en pas douter.
Le jeune homme ne perdit pas de temps. Tout Comte qu'il était, il ne pouvait pas se permettre de passer une grasse matinée au lit. Il revêtit rapidement une légère armure de cuir, et, emportant de quoi manger avant que ses serviteurs n’arrive, il se dirigea vers les écuries. Il fit préparer son cheval préféré, et s'en alla rapidement.
Parfois, comme ce jour-là, Rood aimait se réserver au moins une demi-journée de paix, sans avoir à se préoccuper de l'étiquette et des notables du Comté. Il aimait chevaucher à travers les champs de blés, rencontrer ses paysans. C'était une face inattendue du personnage qui se révélait : un noble qui aimerait se mêler au "bas peuple" ? Pourtant, c'était son cas.
Son cheval, à son habitude, allait à un galop soutenu. Ses grandes foulées l'amenèrent rapidement aux champs, une fois passé le sous-bois. Il ne tarda pas à s'arrêter pour se restaurer un peu, près d'une rivière.
Pensif, il n'observait pas vraiment les paysans. Pourtant, à cette heure-ci du jour, l'agitation était bien là. Les hommes fauchaient le blé mûr, maniant la faux avec des gestes larges et puissants ; les femmes récoltaient les épis prêt à être battu; quelques enfants jouaient et poussaient de petits cris, sans trop faire attention au dur labeur de leurs parents.
Alors qu'il partait faire une petite promenade, à l'ombre des arbres, Rood réfléchissait ... Il était bien loin d'Albion, et il devait avouer qu'il ne comprenait pas vraiment les préoccupations de son Roi quand aux nouvelles terres acquises. Ses propres terres, ainsi que les terres du Roi, celles du peuple Oréthornien étaient là, et non plus sur Avalon. Le Royaume avait bien un nouveau pied-à-terre en Avalon ... Mais cela valait-il la révolte que l'on connaissait ?
On l'aurait trouvé bien préoccupé, pour un jeune homme de son âge, si l'on ne savait pas qui il était.
Mais il ne resta pas longtemps dans cet état. Le soleil approchait du zénith lorsqu'il revint vers les paysans. Eux, honorés de la présence de leur Seigneur, lui offrirent de quoi se restaurer. Il passa une bonne partie du reste de l'après-midi en leur compagnie, et leurs laissa une bourse de pièces Oréthorniènes au moment de partir. Il fallait qu'il rentre à présent.
Rood s’était retiré dans l’écurie arendienne. D’un côté, de nombreuses selles étaient accrochées au mur; de l’autre, les plus beaux chevaux du Comté se reposaient dans leurs stalles. Ils n’allaient bientôt plus pouvoir sortir aussi librement qu'en été ; on sentait le froid déjà arriver, bien qu'on ne soit qu'au début de l'automne.
Le Comte descendit de sa jument et la confia aux palefreniers et la caressa avant de rejoindre ses quartiers. On entendait encore les hennissements, dans le lointain, portés par le souffle du vent, alors que la nuit qui tombait doucement.
A son habitude, il se dirigea vers son bureau, saisit sa meilleure plume et son encrier. Voilà ce qu'il commença à écrire, sur un bon parchemin :

Situation
Peu de gens sait qu'il est un Comté, dans l'Est du Royaume Oréthornien, nommé Arendie. Malgré un voyage long et pénible pour y accéder, un village d'importance grandissante y est construit, connu pour être le chef-lieu du Comté, dirigé par le Comte Rood. Ce qui était, il y a bien longtemps, un campement fait de grandes tentes de fortune est aujourd'hui devenu une petite ville, aux maisons de pierres de taille, dans suivant la tradition architecturale du Comté. On y trouve quelques échoppes, une auberge pour les rares visiteurs.
Les terres alentour sont bien exploitées : les nombreux champs environnants ont fait de l'Arendie le grenier à grain du Royaume Oréthornien. D'ailleurs, la majeure partie de la population est constituée de paysans.
Mis à part son blé, le Comté est réputé pour les chevaux que l'on y trouve. Grands, puissants et forts, ils sont autant appréciés par les nobles - qui s'arrachent les plus beaux poulains à prix d'or et qui les utiliseront comme palefrois - que par les paysans, qui s'en servent au champ. Ces chevaux si particuliers ont également permis un avantage certain aux soldats du Comté : bien que tous les combattants débutent leur carrière dans l'infanterie, les meilleurs d'entre eux pourront, comme les nobles, se battre eux aussi à cheval. Ces cavaliers forment véritablement l'élite des guerriers Arendiens.
Histoire
Il y a bien longtemps de cela, un noble de petite importance nommé Mel Anaüel, reconnu pour sa sagesse, fût accepté au sein des conseillers du Roi de l'époque. Après de nombreuses années de bons et loyaux services, il se retira de la politique du Royaume, aspirant à une retraite tranquille. Le Roi, avec qui il avait finit par se lier d'amitié, lui accorda dans sa grande bonté un petit terrain, loin à l'Est des terres de Nyr Hibernia, parmi les premières terres colonisées à cette époque. En réalité, personne n'aurait voulut de ces terres où tant restait à faire : la forêt y était dense ; seules quelques maisons étaient construites ; et bien que l'été soit doux, l'hiver y était rude. Mel Anaüel accepta tout de même et parti peu de temps après.
Là, il commença un travail énorme. Demandant de l'aide aux paysans des alentours, il parvint à défricher la plus grande partie de ses terres ; mieux, en explorant un peu plus loin, il finit par trouver des terres sûrement très fertiles. D'autres paysans, attirer par le travail qu'il y aurait dans ses nouveaux champs, finirent par venir sur les terres de Mel Anaüel. Petit à petit, son terrain devint un grand domaine prospère.
Bien qu'il fût déjà assez âgé, son fils était encore jeune lorsqu'il arriva. Il grandit avec le domaine, et lorsque Mel mourut, c'est tout naturellement qu'Arends pris la tête des terres de son père. Il n'était pas aussi sage que son père, et on disait qu'il était orgueilleux. Passionné par les chevaux, il eût le premier l'idée d'en introduire sur ses terres. En éleveur avisé, il réussit à créer, par d’habiles croisements, une race qui allait faire la nouvelle richesse du futur Comté. A mesure qu'il devenait riche, l'importance de son domaine était grandissante dans l'économie du Royaume.
Etait-ce de l'audace ? De l'orgueil ? Quoi qu'il en soit, le jeune Arends ne tarda pas à se présenter au Roi, et lui demanda un titre de noblesse, et pas le moindre : il voulait être Comte. Nul ne sait pourquoi le Roi accepta, mais quand Arends retourna chez lui, il renomma le domaine de son père Arendie, comme une dernière preuve de sa vanité.
De nombreux cycle de sont écoulés, de nombreux Comtes se sont succédés.
Aujourd'hui, c'est le Comte Rood qui est à la tête de l'Arendie. Eduqué dès son plus jeune âge pour diriger le vieux Comté, il fût envoyé en Avalon pour parfaire son éducation. Lorsqu'il rentra au pays, il était fin prêt à reprendre le Comté. Même s'il semble méfiant à l'égard des différentes guildes d'Amténaël, voir même des différents Comté du Royaume, son peuple lui fait confiance. Il a notamment fait preuve de sagesse, digne de son ailleuil Mel, lorsque le Culte du Kosh a repris de l'importance. Le Comté était plutôt athée, voir païen, mais le Comte affirma sa Foi par un geste fort : il se déplaça lui-même en Ethérie, et remis de ses mains un bouclier aux couleurs de son Comté - le blanc de la Lumière, le vert de l'Espoir, les trois feuilles de la famille Anaüel - à l'Ekesh, afin qu'elle protège son Comté de l'hérésie qui y règne. L'Ekesh, touchée par ce geste, resta en bons termes avec le jeune Comte.
Société
L'Arendie, depuis longtemps terre des Comtes, est très attachée au respect hiérarchique entre les différentes classes sociales, comme la majorité du peuple Oréthornien. Le Comte, son Intendant, l'Evêque et les Chevaliers du Comté constituent le noyau intellectuel de l'Arendie. Bien que le retour du Culte du Kosh, amorcé en Ethérie, ne soit pas très implanté dans ces terres reculées, les arts fleurissent dans les rares Eglises du Comtés.
La propriété terrienne est le principal signe de richesse et de noblesse; plus le propriétaire est riche, plus il essayera d'obtenir de nouvelles terres où il installera ses serfs, ses paysans et ses chevaux. Depuis quelques temps cependant, on assiste à un certain changement dans les habitudes arendiennes. En effet, certains marchands, venus majoritairement d'Ethérie, aiment s'installer dans les terres tranquilles d'Arendie. Ces marchands, bien plus riches que certains petits nobles, sont assez fortement méprisés par la tête du Comté. Aussi, on assiste à une certaine dévalorisation de la terre, pour que seul le sang prime.
Malgré tout, l'anoblissement est tout de même possible. En ayant fait ses preuves à la guerre - monté sur un des plus beaux chevaux - ou en étant suffisamment riche, l'on peut prétendre à un petit titre, si l'on trouve un chevalier à qui prêter allégeance. Celui-ci est entièrement responsable de son écuyer, il a tout à fait le droit de le garder à son service durant de longues années avant de le reconnaître comme un de ses pairs.
Au bas de l'échelle sociale se trouvent les serfs. Ils appartiennent au propriétaire qui possède la terre sur laquelle ils vivent ; en échange du travail de la terre, ils obtiennent une petite masure ou vivre. Ils sont tout de même astreints à de lourdes taxes. Les paysans quand à eux sont des hommes libres; ils travaillent également la terre pour le compte du seigneur, mais n'ont pas de taxes à payer.