Dès que le temps lui permit de le faire, il se dirigea vers la mer, et prit place au bord de la plage, un des livres de Likine à la main.
"La voie du combat" était écrit sur la couverture du livre. Après être rester un court instant à contempler la couverture de l'ouvrage, Argonos ouvrit le livre, et commenca sa lecture ...
Après sa lecture, Argonos referma le livre, le rangeant ensuite avec soin dans sa besace.Un souverain instruit dans la voie de la Lumière renonce à conquérir le monde par la force.
Car il sait qu’à l’attaque succède la riposte.
Là où sont passées les armées, ne restent que des ruines et ne poussent que des ronces.
Les grandes guerres amènent des années de disette.
C’est pourquoi l’homme éclairé se montre résolu sans tomber dans l’excès.
Il parvient à ses entreprises sans offenser ni détruire.
Il agit sans orgueil et ne combat que par nécessité.
Il ne trouble pas la grande harmonie.
La force use celui qui l’utilise, car elle va à l’encontre de la Lumière.
Et ce qui va contre la Lumière va à sa perte.
Les armes les plus belles ne sont que des engins de mort.
L’humanité les a en horreur.
Celui qui suit la voie de la Lumière en détourne ses regards.
L’homme de bien se place à gauche du maître de maison.
L’homme de guerre s’installe à sa droite.
Les armes n’apportent que la mort.
Le bon souverain en détourne le regard.
Il ne les prend que s’il n’a pas d’autre choix.
Pour lui, les trésors suprêmes sont le calme et la paix.
La victoire ne le remplit pas de joie, car se réjouir serait se glorifier d’avoir ordonné la mort.
Celui qui se glorifie de la mort d’autres hommes ruine sa destinée et ne pourra pas gouverner.
Dans les jours heureux, la place d’honneur se trouve à gauche.
Dans les jours de malheur, elle est à droite.
L’aide de camp se place à gauche, le chef de guerre s’installe à droite.
Ainsi la guerre se conduit comme des funérailles.
Le chef triomphant préside au festin de la victoire comme s’il assistait à l’office funèbre de ceux qu’il a fait tuer.
Car ayant fait tuer beaucoup d’hommes, il doit maintenant en porter le deuil.
Tout en s'executant, il pensait : "Likine, je suis fier de toi, tes mots représentent exactement ce que nous sommes ... tu mérites ta place parmi nous, tu doutes de toi, alors que tu ne le devrais pas ..."
Argonos se releva l'instant d'après, et prit la route d'Embleme. Se dirigeant vers le facteur, il restait toujours pensif : "Si seulement tous pouvaient voir aussi clair qu'elle voit aujourd'hui ... tout serait tellement plus simple ..."