[Chronique] Une âme perdue ?

[Leeden]

Ainsi le soleil se couchait maladroitement sur l’horizon, laissant diffuser ses quelques rayons orangés le long des plaines avaloniennes, qui arboraient alors une atmosphère paisible de quiétude. Déjà quelques créatures s’endormaient, déjà le vent faiblissait et la fraîcheur venait à effleurer la peau de chaque être vivant.
Loin de la ville dénommée emblème, au profond du bois au Nord-Ouest ; non loin d’un petit campement abandonné, Leeden s’efforçait à bâtir un abri fait de branchages, de feuilles et de divers autres déchets trouvés non loin, et abandonnés par des aventuriers festifs. La lune pointait depuis longtemps sonnée quand enfin, elle termina sa tache. Et affaiblie par l’effort, la valkyne s’évanouie sur le sol, hors de son antre.

Un petit personnage s’approchait d’une dame, assise au milieu d’un baraquement de torchis. Il était bleu, et la dame, grise. Les deux se regardaient d’un air défiant, mais ne prononcèrent de mot que lorsque le petit posa une lettre sur une des tables.
« CaVoila, CaEtreCommePromis. CaToutFaitDePrecision, CaBandeEnPlace, CaEtVaPourMieux. Commença le nain.
-C’est parfait. Et l’oiseau ?
-CaGrandeJambesDoutePasDeCa. CaPasMieuxQueGardes.
-Bien… bien. Mais rappelez-vous, que cela ne s’ébruite pas ! Sinon votre sale meute de nabots incapables en pâtira !
-CaMoiPasOkGrandeJambesGrisesInsulterMonPeuple ! »
Les deux se regardèrent d’un œil farouche, durant un certain temps, avant que la dame ne brise cette joute d’un mouvement de la main, signifiant le repli.
Puis le Kobold sortis de la pièce à pas rapide, sous le regard sombre de la grande femme grise.
Une fois son acolyte parti, elle se retourna pour attraper la missive, et la déplier, pour ensuite sourire d’un air fier.
« Lambraska, ton heure est proche »

Un rire démoniaque… une soudaine douleur aux cotes, comme un coup d’épée empoisonnée…

Leeden se réveilla en sursaut. Quelque chose venait de la heurter, et elle ne pouvait voir ce que c’était… Peut être un ours ? Peut être un mammouth qui ne l’avait pas vu ? Non… impossible, il faisait nuit et les seules créatures nocturnes qui rodent sont les loups et les Huldus… et il n’y en avait pas dans ces parages.
Elle bondit sur ses jambes engourdies, et succomba à la douleur, en retrouvant sa position couchée brutalement, cette fois sur le dos.
Accentuant la pression de ses mains sur son flanc, elle tenta de retrouver son souffle. Ce qu’elle réussie après quelques minutes. Cette fois, ne pas se faire mal.
La valkyne se tourna lentement sur le coté, et sentit une entrave au niveau de ses jambes… elle regarda alors. Un corps ! Un corps de quelque chose ! De quelqu’un ? Elle se redressa lentement, pour ne pas réveiller la douleur. Un cadavre… d’un humain… dont elle ne connaît la race. Une flèche d’argent en plein dans la poitrine…
« il… il a du choire sur moi … Mais qui a bien pu l’occire ? »
Elle sentir un frisson dans le dos. Et si l’assassin était encore dans le coin ? Non…. Sinon elle serait depuis longtemps aux terres des esprits, tant elle a eu difficulté à reprendre son souffle. Peut être ne fut-elle point vue par cet assassin ? Bénit soit sa cape brune, trouvée il y a peu dans ce campement vide.
Un sentiment étrange lui emplit ses entrailles… Elle avait faim. Son regard se porta automatiquement sur le cadavre.
« Il…. Il est mort… il ne sentira point. » Et sur ces mots, elle arracha copieusement une jambe, après s’être redressé prestement, pour trouver une position confortable et indolore.

Une fois son estomac rassasié, elle regarda alors le corps, d’un air admiratif. Pourquoi une telle créature se promenait sur ces terres, en pleine nuit ? Et puis il semblait tant bien équipé qu’il ne pouvait craindre beaucoup d’autre chose que les esprits… Que va t il se passer ?
« Que… Quel beau vêtement ! » Dit-elle tendis qu’elle inspectait l’inventaire de la victime. Elle fit ainsi main basse sur une lance, une dague, un pourpoint de cuir brut, des gants, des bottes, et des collants, ainsi qu’un arc et des flèches, dont le carquois était attaché à un bâton de voyage. Amusant, l’habillement des Hommes, pourquoi porter tellement de choses pour si peu ? Apres tout, il portait bien un sac de provision, ce qui lui permettra de survivre quelques jours de plus. Et avec les armes désormais en sa possession, elle ne pouvait plus craindre les meutes de loup et de sanglier qui pouvaient bien l’attaquer, ou pire encore… durant le rut, faire quelques choses obscènes !
Elle écarta cette pensée en se souvenant d’un Homme au beau visage si serein, accompagné de cette magnifique dame a l’égale d’une déesse… Comment s’appelaient-ils, déjà ? Et si c’était le même ? ! Elle s’empressa de regarder le visage terrifier par la mort du défunt.
La valkyne soupira. Ce n’était pas lui. Ce qu’elle aimerait tellement le revoir, ce beau chevalier accompagné de cette belle princesse…
Puis son esprit se figea sur un parchemin étrange dépassant de la culotte du mort. Elle le déplia lentement, avant de le lire a pleine voix.
« Cher…. Chereuh…. Chereuh Prantish.
Je…. Ne suis pas encore... parvenu…. A décry…. Crypter les infor…. Informations de la caverne… C’est bien trop étrange…. Je n’ai peu…. Que copier ? Le sym… seins…. Seins ? Le symbole ! Ci dessous. »
Puis elle décrivit un dessin circulaire et complexe parcourant toute la superficie du parchemin, d’un air songeur. Qui était ce Prantish ? Que représentait ce dessin ? Ne vaudrait-il pas mieux qu’elle rende le parchemin à son propriétaire ? Mais… Elle sera accusée de vol, et d’assassinat ! Non ! Et puis les villes étaient horriblement grandes, et les gardes la regardaient méchamment ! Et puis elle était si bien il y a quelques heures… Pourquoi ce cadavre était-il tombé sur elle ? Et particulièrement sur elle ?
Elle se rendormie sous le coup de l’émotion, un peu hébétée par la tristesse, mêlée au regret, à la fureur, la peur et l’enthousiasme.

[Leeden]

Le soleil se couchait déjà lentement, inondant la plaine avalonienne de doux rayons orangés, que le vent fendait l’herbe en de languissantes ondes émeraude. L’écho du brouhaha d’emblème se répercutait au lointain dans les bois environnant, titillant les oreilles des quelques créatures sylvestres cherchant un refuge pour la nuit, mais aussi d’une Valkynes, se promenant gaiement parmi les arbres.
Leeden était d’humeur joyeuse. Cela faisait tellement de temps qu’elle n’ait ressentis une telle émotion qu’elle ne pouvait plus rester sur place. Le petit campement dans lequelle elle avait trouvé refuge n’était que trop calme et trop étroit pour elle, ainsi avait-elle décidé de promener son allégresse ce soir, chantonnant une chanson semblant provenir d’un lointain passé.
Tout cela s’était passé si vite, d’ailleurs, elle n’arrivait toujours pas à y croire. Comment pouvaient s’intéresser à elle deux personnes aussi belles et aussi gentilles ? L’aider ? Oui… mais pourquoi elle ? Elle qui n’a jamais rien été d’autre qu’une chienne sauvage dotée de parole. Valait-elle mieux ? Et puis cela avait-il rapport a tous ces cauchemars qu’elle faisait chaque nuit ?
Elle sortis de sa besace le livre, donné par l’Humain, qu’elle contempla comme elle avait pris l’habitude de le faire depuis ce jour, tout en marchant. La couverture était magnifique… du moins a son goût. La première page aussi d’ailleurs, et la suivante, et l’autre, et toutes les pages qui constituaient l’ouvrage. Même l’écriture lui semblait digne des esprits…
Elle s’arrêta quelques instant, pour vérifier son chemin. Elle tourna de quelques degrés, et recommença sa route.
La valkyn soupira après quelques instant de contemplation. Malgré ses efforts pour trouver le début de la fin, elle n’arrivait à se retrouver parmi les feuilles. Aussi fronça-t-elle les sourcils. « mmh…. Comment ce lit les livres, déjà… de droite à gauche ou inversement… ? Et puis où est le commencement… Que c’est bien écrit… tiens ? quel beau dessin… ah ! je crois que ça doit être ça » Elle s’arrêta net.
« Ex… Exci…. Excitation…. Non, Excita… Excitât et vos…. Et soo…. Somno… somnolai…. Somnoli béri mais qu’eu… n’a… est… non… s’eu » Elle trébucha sur quelque chose de dur, effectuant ainsi une lente chute disgracieuse, lâchant ainsi le livre qui vola dans les airs de la même façon.
Se redressant douloureusement, elle chercha d’un regard paniqué ce sur quoi elle avait buté, qui se révéla être un cadavre ! Encore ? mais qu’est ce qu’ils avaient tous à mourir sur elle ? Elle tourna la tête de droite a gauche, pour voir où elle se trouvait. Des arbres au loin derrière elle, des herbes hautes, et… Embleme ! A quelques dizaines de mètres ! Les torches étaient allumées, accueillant la nuit qu’elle n’avait vu tomber. Un bruit lui fit tourner la tête. Quelqu’un s’approchait d’elle. Mais qui ? Elle ne le voyait pas ! Les deux ? Non !
Elle reçus un coup sur la tête, qui la fit retomber sur le sol. Un rire cristallin et froid retentit dans le silence… une lumière bleutée déchira l’obscurité. Elle se senti soudainement gelée, alors que la personne devant elle parachevée son incantation. Puis elle ne pus bouger d’avantage.
De nouveau un rire.
« oh ! une chienne égarée… cela ferra le parfait coupable… je te remercie petite créature, d’être passé par-là. »
Puis s’approchant de leeden, elle déposa une dague ensanglantée dans sa main droite. La valkyn eu le temps d’apercevoir son visage… celui d’une frostalf au traits fin et harmonieux.
Cette dernière pouffa de nouveau de rire, puis se détourna, pour s’éloigner. Puis elle poussa un hurlement déchirant, semblable a un cri de terreur, mais qui sonnais faux à ses oreilles.
Leeden ne pouvait rien faire, et bien qu’elle puis soudainement se mouvoir, elle voyait déjà s’approcher les gardes de la ville avec terreur. Elle n’était plus paralysée par magie, mais pas la terreur, la panique. Elle ne bougea même pas, elle ne pouvait pas, et puis elle n’aurait jamais pu faire autrement que de fuir ou de combattre… mais elle était fatiguée… elle ne comprenait plus rien.
La frostalf la désignait frénétiquement du doigt, l’air terrifiée, hurlant hystériquement à son égard nombres de phrases qu’elle ne comprenait déjà plus.
Ce ne fut point long ; un garde pointa son arme sur elle, et l’autre lui assena un large coup dans la nuque, la faisant s’agenouiller, l’air hébété. Le troll, celui qui l’avait frappé, la souleva dans les airs. Elle crut entendre que les deux lui parlèrent, tendis qu’une large foule s’amassaient autour de la scène, chuchotant ou s’éclaffant à l’égare des protagonistes. Elle s’évanouie.

Lorsqu’elle se réveilla, elle se trouvait dans une salle étrange, petite, avec un lit.. et une étrange inscription sur une pierre… Elle n’eut le courage de se lever.